La porte de l'Enfer, le cratère de Darvaza au Turkménistan
- Philomène Martinelli
- 12 juin 2015
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 sept.
Dans les sables infinis du désert du Karakoum, au Turkménistan, un gouffre incandescent fascine les voyageurs depuis plus d’un demi-siècle. Le cratère de Darvaza, surnommé la « Porte de l’Enfer », brûle sans relâche depuis 1971. Aujourd’hui pourtant, ce brasier mythique semble proche de son extinction.
Localisation du cratère de Darvaza
La Porte de l'Enfer est située au milieu du désert du Karakoum, un désert vaste comme l’Allemagne à 260 km au nord d'Achgabat, dans la province d'Ahal au Turkménistan.
Darvaza, dont le nom signifie littéralement « porte », est un ancien champ de gaz naturel exploité par les soviétiques.
L'incroyable histoire du cratère de Darvaza
L'histoire raconte qu'en 1971, des géologues soviétiques ont effectué un forage pour extraire du gaz.
Mais, alors que les géologues avaient terminé leur installation, le sol s’est littéralement effondré, faisant chuter le matériel de forage dans un trou béant ! Cet incident a alors laissé place à un cratère large de 60 mètres de diamètre et profond de 20 mètres ! Craignant une intoxication massive au méthane, les soviétiques ont décidé d'enflammer le gaz qui s'échappaient, espérant ainsi limiter les risques de propagation. Supposé duré quelques semaines, le cratère brûle depuis 50 ans !
Si cette version officielle reste la plus connue, d’autres hypothèses subsistent. Des analyses satellitaires récentes suggèrent que l’effondrement pourrait dater des années 1960 et que le brasier n’aurait commencé qu’à la fin des années 1980. Le mystère continue donc d’entourer ce cratère.
Une curiosité touristique devenue bombe climatique
Spectaculaire de nuit, le cratère s’est imposé comme l’un des rares sites touristiques du Turkménistan. Pour beaucoup, Darvaza est même la raison principale d’un voyage dans ce pays fermé.
Ce brasier éternel pose un véritable problème environnemental.
Le méthane, principal gaz s’échappant du cratère, est 86 fois plus puissant que le CO2 pour réchauffer l’atmosphère sur une période de vingt ans. En 2024, des satellites ont révélé que le Turkménistan détenait le record mondial des « super-fuites » de méthane.
Le projet d’extinction des flammes
Face aux critiques internationales et à la perte de gaz précieux, les autorités turkmènes ont annoncé leur intention de mettre fin à la combustion. En 2022, le président Gourbangouly Berdymoukhamedov avait ordonné l’extinction du feu, rappelant que « de précieuses ressources » partaient en fumée.
Depuis, l’entreprise nationale Turkmengaz a foré des puits autour du site pour détourner le méthane. Selon ses ingénieurs, l’intensité des flammes a été divisée par trois et la gigantesque lueur visible autrefois à des kilomètres n’est plus qu’un halo vacillant.
Désormais, la « Porte de l’Enfer » se transforme en simples « lueurs du Karakoum ».
Cependant, la communauté scientifique reste divisée. Certains estiment que l’extinction réduirait les émissions globales. D’autres soulignent qu’un brasier actif brûle le méthane en CO2 et vapeur d’eau, moins nocifs pour le climat, alors qu’un arrêt mal maîtrisé laisserait s’échapper du méthane pur dans l’atmosphère.
Une extinction inéluctable ?
Les autorités assurent que la fin de Darvaza n’est plus qu’une question de temps. Mais les couches complexes du sous-sol du Karakoum compliquent la tâche. Chaque réduction de flux gazeux semble ouvrir de nouvelles fissures. L’histoire de ce feu sans fin n’est donc peut-être pas terminée.
Pour les habitants, c’est aussi la fin annoncée d’une attraction unique, qui attirait les rares visiteurs étrangers dans un pays quasi fermé.
« Si Darvaza cesse de brûler, beaucoup d’agences perdront leur raison d’exister », admet un guide local.
Admirer la Porte de l’Enfer avant qu’elle ne disparaisse
Aujourd’hui, le spectacle n’a plus la puissance d’autrefois : les torrents de flammes se sont mués en petites gerbes de feu qui lèchent les parois du cratère. Mais tant que Darvaza continue de brûler, il reste un lieu à la fois fascinant et inquiétant, mêlant la beauté hypnotique du feu au vertige d’une catastrophe écologique.
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