Mon blog voyage est mon activité principale, celle qui me permet de payer mon loyer mais aussi celle qui rythme mes journées, me fait vibrer et me permet de projeter des escapades toujours plus palpitantes. A l'heure où l'économie du tourisme est sinistrée, les transports internationaux quasi impossibles, les sites culturels et les hôtels fermés, quelles sont les répercussions sur mon activité ? quelles sont les solutions et démarches à entreprendre ? Comment vais-je m'en sortir financièrement ? et moralement ?
En ce dimanche 15 mars 2020, alors que le nanoscopique Covid anéanti le monde du voyage, je m’attelle à la rédaction de cet article pour tenter d'organiser mes pensées et de dresser la liste des actions à entreprendre dès demain. Pour chasser un peu le brouillard et provoquer les éclaircis. Avec une pensée particulière pour tous mes collègues, tous les voyageurs en stand by et tous les professionnels du tourisme.
I - Déni, fantasmes et désillusion
Phase 1 : Byebye les projets de voyage
Il y a quelques semaines encore, j'étais en pleine préparation pour des voyages imminents au Vietnam et en Tanzanie. Deux projets merveilleux, fruits d'un partenariat entre mon blog voyage et des agences expertes des destinations. Ça s'annonçait presque trop beau pour être vrai... 15 jours dans le nord du Vietnam, huit jours de safari avec mon fils en Tanzanie et une semaine sur les plages de Zanzibar. Je pensais en revenir avec des dizaines d'articles palpitants et j'en trépignais d'impatience... Une année 2020 qui commençait sous les meilleurs auspices. J'étais en mode "Merci la vie".
Il y a une dizaine de jours, je priais encore pour que les premières alertes au virus Covid-19 ne soient qu'une brève passade, un non-événement qui se résorberait aussi vite qu'il avait commencé. Il y a quelques jours je scandais encore (en bonne française que je suis) :
"Moi je m'en fous, je pars en voyage ! Le coronavirus ne m'arrêtera pas"
Adepte des "pensées magiques", je me persuadais qu'il suffisait d'y croire et de rester optimiste pour que je passe entre les mailles du filet. J'ai eu beau faire avec sérieux des vœux quotidiens à 11h11 et 22h22 en croisant mes doigts de pieds... tous mes jolis rêves à venir se sont évaporés en moins de 24 heures.
"Désolé, je crois que ça va pas être possible" fut la phrase qui a scellé mon immobilisme à venir. Vous pouvez lire à ce sujet "Voyager au Vietnam à l'heure du Coronavirus" par Adeline.
A tous ceux que j'ai traités de pessimistes et de rabat joies, vous étiez lucides et moi dans le déni. J'avoue...
Phase 2 : Heu, pourquoi je gagne plus du tout d'argent ?
Alors que je n'étais préoccupée que par l'annulation des mes voyages, c'est avec un temps de latence que j'ai réalisé que...
"Bah mince alors, pourquoi je n'ai plus de trafic sur mon blog ? et pourquoi j'ai fait un chiffre d'affaire divisé par 10 ces derniers jours... ? Pourquoi on dirait que je fonce vers la banqueroute. 12€ par jour, c'est maigre dis-donc"
Rien d'étonnant mais c'est à ce moment là que j'ai pris conscience de la fragilité de ma situation professionnelle et de la grande crise du tourisme pour les mois, années à venir. J'obtiens des revenus grâce à l'affiliation et donc grâce aux visiteurs qui réservent des chambres d'hôtels et des voyages. Autant vous dire que les blogs voyage comme le mien intéressent peu les gens par les temps qui courent...
J'ai repensé à tous mes amis salariés qui me disent depuis toujours que vivre d'un blog c'est pas très "secure", à mon prévoyant de frère qui me dit sans cesse "prépare un plan B, on sait jamais...!" Et à moi qui répondait "dans la vie, il faut prendre des risques pour gagner sa liberté et réaliser ses rêves ; blablabla... ; au pire, je ferais autre chose, car il y a TOUJOURS des solutions...; blablabla... ; voyons, ne soyez pas si frileux!".
Inutile de vous en dire plus, vous avez compris que quand on vit d'un blog voyage et que le coronavirus fait la une, quand on est auto entrepreneur, quand tous les commerces ferment... impossible de songer à "trouver un emploi de subsistance".
Et puis, je ne vous ai pas dit le pire ! Le début du vrai cauchemar ! Qui cette fois ne concerne qu'une petite partie des blogueurs voyage...
Phase 3 : les écoles ferment !
Mes rêves s'étaient donc envolés et mon salaire aussi. C'était, pour ma faible petite personne, bien suffisant comme aléas à gérer en 24 heures ! Et bah non ! Les écoles ferment et j'ai un petit garçon de 5 ans. Help, je ressens déjà des sueurs froides.
Alors je bénis le ciel de ne pas vivre en famille car être en confinement avec un enfant en bas âge et en plus un homme au chômage technique, ça aurait été beaucoup trop pour moi. Je veux bien partir en expédition survie en Papouasie mais pas çaaaaaa, naaaan !! Dans mon malheur je vais pouvoir fractionner mon temps de garde avec le papa et éviter le burn out. Car un enfant, c'est mignon, c'est chou, c'est notre raison de vivre mais enfin, comment vous dire.. Le gouvernement aurait du fermer les écoles avec les enfants dedans car on risque un autre pic de crise : celui des dépressions parentales et des enfants nourris aux pâtes et à la télévision...
Et puis, si j'ai mon fils des journées entières, avec le peu de nerfs qui me restera, il va falloir que je trouve comment sauver mon navire tout en jouant aux Lego et en faisant l'école à domicile. Et ça pour au moins six semaines et probablement huit... dans le meilleur des cas.
Je relativise, je respire, je prends du recul.
8 semaines sur les 40 ans que je viens de passer sur Terre, ce ne sont que 0.4 % de mon temps, c'est rien en fait.
Bah malgré ça, je reste persuadée que garder mon fils non-stop, c'est plus difficile que de survivre seule dans la jungle amazonienne, je vous le jure. Tous les parents me comprendront (sauf ceux qui vivent sur la planète "mes enfants suffisent à mon bonheur").
L'état des lieux étant dressé, passons aux solutions, démarches et perspectives.
II - Action, Réaction
Phase 1 : Mes droits aux indemnités pour garde d'enfant en tant qu'auto entrepreneur
Les salariés ont droit à des indemnités journalières le temps de fermeture des écoles pour cause de coronavirus. En effet, comme l'a annoncé le Ministère du travail : « Si vous avez un enfant de moins de seize ans dont la crèche ou l'école est fermée, et que le télétravail est impossible, vous avez le droit automatiquement à un arrêt de travail indemnisé».
Exerçant en tant qu'indépendante, j'ai couru chez le médecin ce matin pour déclarer mon arrêt de travail forcé causé par la garde de mon fils. J'ai obtenu une attestation pour 14 jours. Pour les 14 jours suivants, le père de mon fils (qui est intermittent du spectacle et donc à l'arrêt complet) fera probablement la même procédure mais je n'ai pas encore eu le temps de me pencher sur son cas qui est aussi sensible.
Voici ce qu'on peut lire sur le site du Ministère du travail au sujet des travailleurs indépendants :
Je suis travailleur indépendant ou exploitant agricole parent d’un enfant de moins de 16 ans concerné par une mesure de fermeture de son établissement scolaire situé dans une zone de circulation active du virus, quelle démarche suivre ? Je déclare mon arrêt sur la page employeur sur le site Internet dédié https://declare.ameli.fr
J'ai donc déclaré mon arrêt d'activité avec mon numéro de SIRET. Le formulaire demande le nom du salarié mis à l'arrêt. Je ne me salarie pas mais j'ai tout de même suivi les consignes et rempli la déclaration au cas où j'ai une chance d'obtenir une indemnité.
Je dois maintenant adresser mon arrêt de travail à la CPAM (qui remplace la RSI pour les entrepreneurs).
Mon activité (profession libérale non réglementée) va t-elle être éligible à ce droit ? Je vous tiendrai informés.
Je ne suis pas une fille prévoyante et je suis plutôt à tendance inconsciente donc évidemment je n'ai souscris à aucun contrat d'assurance qui pourrait m'apporter un complément d'indemnité. Mais si vous faites partie des gens sérieux, vous allez avoir l'occasion de vous féliciter ! Sauf si la catastrophe naturelle est hors contrat.. ce qui ne m'étonnerait point.
Phase 2 : Je déclare mes difficultés de paiement à l'Urssaf
Etant donné que les prochains mois vont être noirs financièrement, en tant que travailleur indépendant, je peux :
obtenir un nouvel échéancier de paiement plus approprié (décaler le paiement de mes charges)
solliciter l’action sociale afin de prendre en charge toute ou partie des cotisations au titre de l’aide aux cotisants en difficulté ou bénéficier d’une aide financière exceptionnelle (cf. formulaire à remplir)
En tant qu'auto entrepreneur je dois donc me connecter sur mon compte Urssaf et aller dans mon espace personnel, dans la messagerie et j'envoie un message expliquant ma situation.
Phase 3 : J'espère la potentielle indemnité pour les indépendants
La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a annoncé un plan d'aide pour 2,5 millions d'indépendants. La presse parle d'une aide de 1 500€ mensuelle pour une partie des travailleurs concernés par ce statut.
Je vous confirme que j'ai eu droit à cette prime car l'écart entre mes revenus de mars 2019 et de mars 2020 est supérieur à 1 500€.
Phase 4 (annulée) : J'assouvis mes besoins de nature près de chez moi
Mise à jour : Confinement total, on oublie le paragraphe ci-dessous ! Pourquoi il ne faut plus du tout sortir ? Parceque nous sommes tous potentiellement porteurs invisibles et que sortir c'est propager le virus sur les surfaces que nous touchons.
Et du coup, je remets les résolutions ci-dessous à plus tard
Moi qui ai pour sale réflexe de me barrer à l'autre bout du Monde dès que j'en ai l'occasion (et de trop consommer les transports aériens), je me réjouis d'enfin avoir l'occasion de découvrir en profondeur les espaces verts et forêts de la région parisienne. J'ai pour habitude de passer tout mon temps libre parisien à boire des pintes dans les bars après mes journées derrière mon PC, je ne vois qu"une solution pour trouver du bonheur dans cette situation dramatique : m'oxygéner plus que de raison.
Un quart de l'île de France est recouverte d'espaces verts, c'est énorme ! Qui sait, je vais peut-être me sentir dépaysée dans le bois de Meudon ?
Je suis une maman parisienne, j'ai toujours occupé les week-end de mon fils avec des spectacles, des lieux culturels et des parcs très urbains. Je réservais le contact avec la nature aux voyages et aux weeek-end et vacances loin de Paris. Ça parait idiot mais c'est mon rythme de vie. Partir loin pour explorer et revenir pour la routine, un rythme un poil bipolaire j'en conviens. Pourtant, je réalise que ce n'est pas le choix qui manque pour repenser mon environnement.
Je vis dans un immeuble qui n'a rien de charmant, sans vue et sans soleil. Avais-je besoin d'une pandémie pour me dire "et si j'allais chercher ce qui est beau près de chez moi?" Oui, on dirait bien (Huez-moi!)
Maintenant que je prends conscience de tout ça, j'ai un objectif : Montrer à mon fils que la banlieue peut-être moins morose qu'elle en a l'air si on prend le temps de partir à la recherche de ses recoins. Je vais commencer par apprécier le Parc de Sceaux comme jamais car il est à 10 minutes de marche de chez moi (j'ai hâte de voir combien nous serons à avoir eu la même idée, toute ma ville aura t-elle envahi les sous bois ? Forêts et grands parcs vont-il fermer pour cause de surfréquentation?)
Dans la liste des lieux à explorer dans les prochaines semaines, j'ai en tête le parc régional du Vexin (forêt de la Riche Guyon ou de Rosny), le parc de la haute vallée de Chevreuse (forêt de Rambouillet), le parc du Gâtinais français (forêt de Fontainebleau)...
Et puis surtout, je vais enfourcher mon vélo et partir en balade comme si ma banlieue était le plus bel endroit sur terre.
Phase 5 : Je continue d'écrire sur le blog
Alors, à moins que je meure étouffée par le virus, tant que la situation reste incertaine et qu'il me reste un peu de temps libre, je vais continuer d'écrire pour finir les articles en attente et faire le meilleur blog de voyage possible ! Car je l'ai toujours dit, écrire sur mes périples est une prolongation du voyage, ça m'apporte autant que d'être sur la route, l'un ne va pas sans l'autre.
Et ça tombe bien, j'ai tellement de retard dans mes posts de blog que je vais pouvoir m'atteler à tout mettre à jour quand mon fils sera gardé par son père. Je n'ai pas tant de temps devant moi avec la fermeture des écoles mais j'imagine que cette phase d'enfermement est une occasion pour tous les blogueurs voyage de bichonner leur blog afin qu'il soit le plus beau et le plus complet le jour où le tourisme verra son nouveau souffle.
Ecrire ne va pas payer mon loyer mais en même temps je n'ai plus beaucoup de dépenses (à part bien sur le papier toilette qui va tous nous sauver)...
En attendant de connaître la fin de l'histoire, je ne lâche pas mes pensées magiques et mes prières pour que, une fois la vague du coronavirus passée, mon activité reprenne peu à peu.
En attendant, nous sommes tous dans le même bain et je n'ai toujours pas résolu l'énigme "comment payer mon loyer?"
A lire : La crise du Tourisme 2020 (Covid-19)
Et merci à mon ami Michael (Papacube le meilleur blog papa) pour sa magnifique illustration.
Merci Régis, bon courage à vous et vivement "l'après" !
bonsoir
Je ne suis pas dans la même position que toi, mais c'est vrais qu'il y a moins de trafic sur les blogs de voyage, je devais avoir deux articles invités pour annonceur, un sur la Hollande et un autre sur la Lorraine mais on décale la diffusion des articles face au virus, on doit partir l'année prochaine pour un tour du monde de plusieurs années mais il va falloir voir comment ça va évoluer après ce problème sanitaire mondiale pour le tourisme.
Bon courage