Saint-Louis au Sénégal
- Philo
- 22 mars
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 avr.
Située à l’embouchure du fleuve Sénégal, à quelques kilomètres de l’Atlantique et tout près de la frontière mauritanienne, Saint-Louis-du-Sénégal est une ville qui déroute et interroge. À la fois carrefour culturel, vestige d’un passé colonial imposant, centre urbain vivant et territoire laissé pour compte, elle semble osciller en permanence entre vitalité et abandon. Ses ruelles grouillent de monde : charrettes, passants, enfants mendiants, travailleurs exténués et moutons s’y côtoient dans un désordre quotidien devenu ordinaire.

Autrefois dotée d’un patrimoine architectural remarquable, la ville voit ses façades s’écailler, ses balcons s’effondrer, et son histoire s’effacer lentement, faute de moyens. Lorsqu’on découvre Saint-Louis, c’est d’abord ce contraste brutal entre grandeur passée et réalité présente qui frappe. Une surenchère de petits commerces, un tissu urbain fatigué, des habitants accaparés par la débrouille : tout cela compose le paysage d’une ville qui survit plus qu’elle ne rayonne. C'est cependant un détour essentiel pour comprendre la réalité du pays, et son insalubrité qui gagne du terrain.
Carte et Plan de Saint-Louis
Nichée entre le fleuve Sénégal et l’océan Atlantique, Saint-Louis est située au nord du Pays. La ville se trouve à près de 280 km de route de Dakar (4h30 environ).

Saint-Louis s’étire sur plusieurs bandes de terre distinctes : l’île historique au centre, la Langue de Barbarie côté océan, et le quartier de Sor, sur le continent. Ces zones sont reliées entre elles par des ponts, dont le plus célèbre est le pont Faidherbe, structure métallique impressionnante souvent (mais à tort) attribuée à Gustave Eiffel.

La ville se divise en trois zones principales :
L'île de Saint-Louis, cœur historique avec ses bâtiments coloniaux et ses ruelles quadrillées.
La Langue de Barbarie, fine bande de terre entre fleuve et océan, abritant notamment le quartier de pêcheurs de Guet N'Dar.
La rive continentale, reliée à l'île par le pont Faidherbe.
Où loger à Saint-Louis ?
Pour loger à Saint-Louis, vous pouvez, soit prendre une chambre chez l'habitant, soit opter pour une de ces deux excellentes adresses :
Keur Mama Africa, près du port de pêche sur la langue de Barbarie
Keur Mina, sur l'île saint-Louis, dans le centre historique
St-Louis : un peu d’histoire

Fondée en 1659 par les colons français, Saint-Louis (qui se dit "Ndar" en wolof) est la première ville d’origine européenne en Afrique de l’Ouest. Elle fut la capitale de l’Afrique-Occidentale française (A.O.F.) entre 1895 et 1902. Au tournant du 20ᵉ siècle, Saint-Louis brillait comme un centre politique, économique et intellectuel dans la région.
Mais cette prospérité a été transférée en 1902 à Dakar, jugée plus favorable aux ambitions économiques de la France. Saint-Louis a alors entamé un lent déclin, souffrant d’un manque de financements chronique pour la restauration de son patrimoine, la gestion de ses déchets et de ses infrastructures.
Aujourd’hui, Saint-Louis est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO pour la richesse de son architecture coloniale. Mais cette reconnaissance ne suffit pas à protéger ses bâtiments : les balcons s’effondrent, les enduits tombent, les maisons se lézardent. Certaines façades rénovées côtoient des ruines, témoignant d’un déséquilibre constant entre préservation et abandon.

Que faire à Saint-Louis ?
Saint-Louis n’est pas une grande ville au sens géographique, l’île principale, rectangulaire, se traverse aisément à pied. Ses rues quadrillées se prêtent à la flânerie. L’idéal est de se promener sans itinéraire précis, en observant les détails : les balcons en fer forgé, les volets délabrés, les enseignes anciennes, les fenêtres à persiennes.
Traverser le pont Faidherbe

Le pont Faidherbe, long de 507 mètres, relie l’île au continent. Construit à la fin du 19ᵉ siècle par une société française (et non par Eiffel, malgré la légende), ce pont métallique à structure pivotante est la structure emblématique de la ville. Aujourd’hui, on y circule à pied, à vélo, en taxi ou en charrette. La traversée offre un superbe point de vue sur le fleuve et les façades coloniales, mais aussi un aperçu du va-et-vient incessant de la ville, entre histoire et vie quotidienne.

Observer la Grande Mosquée

La Grande Mosquée, édifiée en 1846, attire l’œil par sa particularité rare : un minaret coiffé d’un clocher. Ce détail insolite témoigne de la rencontre forcée entre culture islamique et pouvoir colonial. La cloche, installée pour faire taire le muezzin, sonnaient les appels à la prière, afin de ne pas déranger les colons français. Après la décolonisation, le muezzin a bel et bien repris sa place.
Déambuler dans le quartier de Guet Ndar

Le quartier de Guet Ndar, fief des pêcheurs sur la Langue de Barbarie, est le coin le plus spectaculaire de la ville. L’ambiance y est intense, désordonnée, vibrante. Entre les barques, on aperçoit les scènes de rue sans cesse renouvelées, qui donnent à voir le visage brut de Saint-Louis.




Visiter le Musée de la photographie

Le Musée de la photographie vaut le détour si vous avez du temps, non seulement pour la richesse de ses expositions mais aussi pour la manière dont il est intégré au tissu urbain. La visite se fait à travers huit maisons traditionnelles restaurées, réparties dans le quartier historique. Un plan permet de les localiser et d’enchaîner les étapes en découvrant au passage les ruelles et façades de l’île. C’est une manière originale et sensible de lier patrimoine visuel et déambulation urbaine.
Déjeuner à la Galette

J’ai testé plusieurs endroits, mais s’il y a une adresse que je recommande, c’est La Galette, sur l’île historique. Ce restaurant propose une cuisine traditionnelle réputée, gourmande et savoureuse. J'y ai goûté un thieboudienne et un poulet yassa, c'est à s'en lécher les doigts.
Faire un tour en calèche

À l'entrée de l'île historique, nombreuses sont les calèches touristiques qui vous proposent de faire un petit tour avec un guide local. Elles permettent une approche panoramique et donnent un bon aperçu des différents quartiers, de l'île à la Langue de Barbarieen passant par Guet Ndar.

Les alentours de Saint-Louis
Saint-Louis est aussi une porte d’entrée vers trois sites naturels majeurs.
L'incontournable est le Parc national du Djoudj, à une soixantaine de kilomètres. Ce sanctuaire ornithologique, classé lui aussi au patrimoine mondial, accueille chaque année des millions d’oiseaux migrateurs. La balade en pirogue pour observer des milliers de pélicans blancs et de cormorans, est le point culminant d'un détour au nord du Sénégal !

Plus proche de St Louis, à une vingtaine de minutes, se trouve le Parc national de la Langue de Barbarie. Cette fine bande de sable séparant le fleuve de l’océan est un havre de nature. L’accès se fait en pirogue ou à pied, et l’on peut combiner l’excursion avec une nuit dans un écolodge du site.

À proximité, la Réserve spéciale de faune de Guembeul, souvent méconnue, permet d’observer oryx, gazelles dama, singes patas et phacochères, dans un paysage de savane. Une parenthèse nature paisible.
Pour finir, ne manquez pas de passer une nuit dans le désert de Lompoul, dans une tente khaima au milieu des dunes, à moins de 90 km de Saint-Louis.
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