Le point culminant de mon roadtrip à Madagascar fut cette descente du fleuve Tsiribihina, trois jours à bord d'une pirogue. Une épopée inoubliable au fil de l'eau, bivouac sur la plage, observation de la faune et de la flore et baignades dans des cascades bleues...

Après trois jours à Antsirabé au sein d"une association solidaire, j'ai rejoint Miandrivazo et c'est au petit matin que le périple fluvial a commencé. Je vous le raconte brièvement en quelques mots et photos.
Embarcadère de Masiakampy
Accompagnée d'un petit groupe de voyageurs (français, espagnols et anglais), nous rejoignons nos quatre embarcations à Masiakampy, après avoir roulé une heure dans le sable depuis Miandrivazo. Nous avons alors une pirogue pour trois personnes. Sur l'embarcadère, les locaux, enfants et grands, nous entourent pour assister au grand départ. Il y a également des bateaux à moteur (les chalands) très bruyants qui permettent une descente rapide. Comme je suis heureuse de ne pas avoir choisi ce mode de transport...




Sachant que je m'apprête à passer 7 heures par jour assise dans cette coque en bois, je crains quelque peu d'être installée de façon rudimentaire et d'avoir mal partout en bout de course... Mais l'inverse me surprend. Nos piroguiers plient les matelas destinés au bivouac pour nous permettre de nous adosser de façon très confortable. Une fois en place je réalise que j'ai largement la place d'allonger mes jambes, ce sera du grand luxe !

1er jour en pirogue sur la Tsiribihina : De Masiakampy à la cascade d’Anosinampela
7h00, Prête à partir
Je m'installe avec mes colocataires de pirogues, Guim et Coline, mère et fille ultra cools. Nous filons sur l'eau, doucement, et dès le départ, c'est superbe !



Les paysages changent au fil des heures, c'est sec, puis humide, désertique puis forestier. Les eaux sont orangées mais très propres et contrastent merveilleusement avec les rizières d'un vert presque fluo par instant. Sur le rivage, il ne se passe pas grand chose, quelques gamins nous saluent de loin. Nous n'apercevons aucun village, seulement des abris sommaires pour protéger du soleil les "gardes côtes". Ces derniers sont armés et nous arrêtent régulièrement, nos guides qui ont tout prévu leur donnent des vivres (kilos de riz, légumes, farines...), une sorte de backchich local.


Notre piroguier se prénomme Rivou, il ne parle pas français mais nous communiquons avec des sourires, des gestes, des fous rires. Les hommes chantent parfois entre eux des airs traditionnels pour notre plus grand plaisir.


Nous croisons dans les feuillages des alentours, des femmes qui lavent le linge avec le visage recouvert de masonjoany, un produit issu de l'arbre de santal utilisé comme protection solaire.

Les kingfisher volent au dessus de nos têtes, ces oiseaux multicolores que j'ai souvent aperçus sous les tropiques. Bleus électriques et orange, ils pêchent le poisson du fleuve sous nos yeux.

10h00. Nous faisons une pause sur le rivage pour que les hommes préparent le déjeuner.
Ils installent des braises de charbon dans des pose plats calés sur un tas de sable, devant notre pirogue. Puis, chaque piroguier cuisine un ingrédient, Rivou s'occupe du zébu (semblable à la viande de bœuf) tandis que ses collègues s'occupent du riz et des légumes. Nous partons au fil de l'eau avec notre cuisine ambulante, humant les odeurs de cuisson.



12h45. Second arrêt pour remplir les assiettes des passagers et de l'équipage.
Nous déjeunons à bord, un ragoût de zébu d'une grande finesse. Lorsque nous descendons à terre, on se crame la plante des pieds car le sable est ardent, on échappe à la brûlure en restant dans le fleuve.

Les pieds en éventail, le soleil tape un peu trop fort et les paysages sont de toute beauté.

Tout au long de la journée, je contemple ces instants précieux et je fais connaissance avec mes nouvelles copines. On s'échange nos crayons de couleurs et aquarelles pour dessiner dans nos carnets de voyage.

16h00. Nous commençons à voir une ribambelle d'animaux dont un énorme caméléon posé sur une branche.
Puis, deux crocodiles et une tortue d'eau. Clou du spectacle, nous apercevons nos premiers lémuriens dans les branches et sur les parois rocheuses. Nous sommes tous excités de ces rencontres inattendues.


18h00. Nous arrivons à notre point de chute, là où nous devrons établir notre premier campement.
Notre guide Patrick nous dit que le lieu est surnommé "L'Ile des Femmes". Avant de nous installer, nous partons en direction de la cascade d’Anosinampela pour prendre notre douche. Après une courte marche à travers les rochers glissants, je découvre une chute d'eau superbe. Eaux turquoises et translucides, nous nous rafraîchissons avec bonheur.




Après cette pause enchanteresse dans la plus belle salle de bain du Monde, je croise un groupe de lémuriens sur le chemin du retour. Un homme malagasy a des morceaux de banane plein les mains pour les attirer, ce qui fonctionne parfaitement car l'un deux monte sur mon épaule. Magique, je découvre que les lémuriens sont doux comme des petits chatons...


A la nuit tombée, nous descendons le cours d'eau pour rejoindre notre campement.
Je monte ma petite tente avec l'aide de mes collègues et j'installe mon lit avec le matelas qui me servait de dossier dans la pirogue.
Péio, le plus jeune du groupe, entreprend de faire un feu tandis que les piroguiers préparent le repas entre eux. Pour nous faire patienter, Patrick, notre guide, nous apporte un grand saladier rempli de rhum à l'ananas fraîchement coupé. Nous trinquons pendant deux heures au rythme des percussions apportées par les espagnols.

Lorsque le repas arrive, nous découvrons le menu, brochettes de zébu et frites de pommes de terre suivies de bananes flambées au chocolat ! Improbable, les hommes nous servent pour la deuxième fois de la journée un repas digne d'un grand restaurant malgré les conditions rudimentaires. Ils sont trop forts !
22h00. Toute l'équipe regagne sa tente, demain on doit se réveiller à six heures. Je dors merveilleusement bien.
2ème jour en pirogue sur la Tsiribihina : De la cascade d’Anosinampela à Tsaraotana
6h00. Réveil au lever du jour. Les hommes s'affairent à préparer le café.
La lumière est superbe, quelques enfants arrivent de nulle part, emmitouflé dans des batik colorés, ils viennent ramasser les bouteilles d'eau minérale vides. Nous prenons le petit déjeuner, emmitouflés dans nos sacs de couchage.




7h30. Nous plions le camp. Je prends la place de la reine en tête de pirogue.
Les paysages sont lumineux, différents de ceux de la veille. Et toute mon équipe est de bonne humeur !

Nous voguons jusqu'à un petit village, dans les environs de Tsaraotana, où nous sommes accueillis par des dizaines d'enfants.

09h00, nous débarquons dans un village dans la région de Tsaraotana
A peine ai-je posé le pied à terre qu'un petit garçon de moins de cinq s’agrippe à ma main gauche et une petite fille attrape ma main droite. Et au fur et à mesure que j'avance c'est une ribambelle d'enfants qui me suit en répétant "vaza, vaza, vaza", ce qui signifie "étrangère".

On se balade dans le marché, entre poissons séchés, fruits tropicaux, légumes et viandes (des zébus entiers pendus), patates douces frites, nouilles et textiles.




J'ai la très mauvaise idée de donner à un petite groupe d'enfants un paquet de patates douces frites, ça crée une émeute, les plus grands marchant sur les petits. Je retiens la leçon, ne jamais donner quelque chose en public.

11h00, Après un tour dans ce lieu coloré, nous faisons nos adieux ("Veluma!!") et repartons dans nos embarcations.
La pirogue file sur l'eau pendant deux heures puis nous nous arrêtons sur le rivage pour déjeuner.

12h00. Nous nous baignons dans la rivière orange pendant une bonne heure.
Le courant est fort, ce qui nous persuade qu'il n'y a aucun risque de choper des bactéries...
Après cette pause rafraîchissante, nous déjeunons sous un abri fabriqué avec les pagaies et les bâches, les pieds dans le sable. On nous sert des spaghettis au zébu haché et de l'ananas frais. Un vrai régal.

Sur la pirogue de nos collègues, il y a des poulets vivants, le repas du soir, première fraîcheur !
